14 sept. 2011

L'initiative de trop

Le thème de la migration en ces mois électoraux est comme à son habitude au rendez-vous. Chaque débat en a une composante. Pourtant le ton a changé. On ne parle plus de minorités (les musulmans, les criminels, les naturalisés). Mais on parle cette fois de dénoncer les accords bilatéraux et de libre circulation par la dernière initiative de l’udc. Car sous ses relans traditionnellement anti-étrangers, c’est ce qu’elle vise de fait. L’udc montre enfin son vrai visage. En effet, on ne le dit pas assez mais les dirigeants de l’udc se moquent comme d’une guigne des étrangers. Les décideurs de cette formation sont des entrepreneurs et ils savent bien la valeur économique des travailleurs étrangers. Le fait que Peter Spuhler, éminent membre de cette formation et surtout un des plus gros entrepreneurs hélvètiques en relation avec l’EU, se distancie de cette dernière, le prouve bien.
Le vrai programme de l’udc est de réduire comme peau de chagrin l’Etat et son action. Tous ses votes au Parlement le montrent. D’une part il y a une réduction de toutes les prestations proposées par l’Etat, de l’autre ils acceptent toutes les avantages fiscaux liés à la présence de riches étrangers en Suisse. Son action est ultra-libérale.
C’est le paradoxe entre ce programme et le but avoué ou non de l’initiative qui me fait dire que cela sera l’initiative de trop. En effet, elle s’attaque à l’économie même de la Suisse. Et aura donc des conséquences non plus uniquement sur la vie de minorités évoquées plus haut, mais bien sur le bien-être de chacun-e des habitant-e-s de notre pays.

Il n’en reste pas moins qu’il faut trouver des solutions aux problèmes des gens qui ne proviennent pas de la mise en œuvre de la libre circulation. Les années 70 et 90 ont amené leur lot de chômage et de crise financière mondiale. Les primes d’assurance maladie prennent l’ascenseur et n’ont rien avoir avec la venue ou non d’étrangers en Suisse. Les bas salaires est une problématique que les syndicats dénoncent bien avant l’entrée en vigueur de la libre circulation. Il y a certainement eu une pression sur les problèmes de dumping salarial ou de logement avec ces accords. Et les mesures d’accompagnement proposées à l’époque par la gauche doivent être renforcées.
Il est également bon de rappeler que ces accords bilatéraux, dont la libre circulation, ont fait l’objet de 4 votations en Suisse. En mai 2000 (ratification des accords), juin 2005 (espace Schengen-Dublin), septembre 2005 (extension de la libre circulation à 10 nouveaux Etats), février 2009 (extension de l’accord de libre circulation à la Roumanie et la Bulgarie). A chaque fois le peuple suisse s’est prononcé en faveur de ces accords avec un score confortable. Il est piquant de voir les champions du slogan « nous sommes la vox populi » vouloir revenir sur une décision que les suisses ont confirmé 4 fois ces 10 dernières années.

Une vision moderne de la Suisse suppose une volonté de créer des emplois, de faire vivre dignement les familles avec des salaires suffisants, de rendre le marché juteux de la santé transparent et ne plus le « marchandiser ». Parce que face à la santé, autrement dit, la vie et la mort, nous devons être égaux. C’est pour cela que le PS s’engage avec son initiative cleantech, le salaire minimum et une caisse maladie unique et publique.

Il est positif également de voir enfin se réveiller le monde économique pour dénoncer les dérives udc. Dommage qu’il faille que cette formation s’attaque à leurs tripes pour qu’ils réagissent enfin.

8 sept. 2011

8 septembre – Journée Internationale de l’alphabétisation

En Suisse, comme partout dans le monde, il est indispensable que les difficultés rencontrées par les personnes ne maîtrisant pas la lecture et l’écriture ne soient plus un tabou. La journée internationale de l’alphabétisation le rappelle. Réaliser des actions de sensibilisation pour garantir un accès à la formation de base est incontournable.
Le respect des personnes et de leur dignité passe par l’accès à la lecture et à l’écriture. Pourtant, dans le monde, près de 800 millions d’adultes n’ont pas les compétences associées à l'alphabétisation de base. En Suisse, 800'000 personnes, ayant suivi l’école obligatoire, sont en situation d’illettrisme, dont près de la moitié sont nées dans notre pays. Dans une société démocratique, l’écrit est de première importance. Ne pas savoir s’orienter signifie ne pas pouvoir participer pleinement à la vie sociale, professionnelle et culturelle.
Il y a ceux qui sont intégrés et qui se qualifient toujours davantage et les autres, marginalisés d’abord, exclus ensuite. Pour rompre avec cette spirale, il faut investir dans la formation de base (lecture, écriture, calcul). En 2010, l’Association Lire et Ecrire a organisé 172 cours qui se sont déroulés dans 37 localités de Suisse romande. Ils ont été suivis pas 1363 participantes et participants. « Lire et Ecrire, c’est mettre ses pensées sur du papier. Et ne pas savoir, c’est une souffrance permanente », nous a confié un apprenant.
Pour que la formation continue, dans une société de plus en plus exigeante, puisse davantage concerner les personnes ayant de grandes difficultés avec les compétences de base, l’Association Lire et Ecrire multiplie ses efforts. Elle diffuse un film qui donne la parole à l’illettrisme, développe des modules de sensibilisation à l’attention des personnes qui peuvent avoir un rôle de multiplicateur ou établit des partenariats.
Pour mieux faire connaître et reconnaître l’existence de l’illettrisme, en introduction à la journée internationale de l’alphabétisation, Lire et Ecrire a projeté le 6 septembre le film documentaire « Terace », de Jürg Neuenschwander, à Genève et à Tramelan. Des DVD seront également distribués à des institutions partenaires pour que le phénomène de l’illettrisme ne soit plus un tabou.
« Terace » donne la parole à dix adultes qui osent parler publiquement de leurs difficultés avec la lecture et l’écriture. En montrant leurs faiblesses, les protagonistes en font une force pour donner du courage à ceux qui ont besoin de renouer avec leur estime de soi. « Ce film me donne encore plus envie d’apprendre. Il devrait passer dans toutes les écoles », affirme Séraphin, participant aux cours.

P.S: Pour s’inscrire aux cours de Lire et Ecrire: 0840 47 47 47