25 nov. 2009

Chômage-Migration-Formation : deux réponses possibles

Constatant que le chômage augmente et que la migration en Suisse ne diminue pas, certain-e-s souhaitent que les employeurs engagent en priorité les résident-e-s du pays et qu’ils cessent d’aller chercher du personnel en dehors de nos murs.
Deux points doivent être précisés en préambule : la nouvelle migration n’est plus celle du personnel non qualifié. Selon une étude d’Avenir Suisse, le 60% des nouveaux arrivants ont un titre d’une haute école. En Suisse, seul le 26% de la population peut se prévaloir d’un tel titre. Deuxièmement, le chômage augmente dans le secteur du secondaire alors qu’au niveau du tertiaire des postes sont créées. Le lien est donc évident. On va chercher des gens à l’étranger parce que la Suisse a une politique de formation déficiente ! Un exemple concret : si les hôpitaux engagent les médecins allemands, c’est parce que le numerus clausus dans quasi toutes les facultés de médecine en Suisse est encore en vigueur et que nous ne formons pas assez de médecins.
Mais l’égalité des chances ne se situe pas uniquement au niveau des Hautes Ecoles, mais bien également au niveau des compétences de bases. En Suisse, quelques 800'000 personnes ont des difficultés dans la lecture et l’écriture. Elles ont 2 fois plus de chance que les autres travailleurs d’être au chômage. En temps de crise évidemment elles sont les premières à gicler. Quelles sont les mesures prises par la Confédération pour palier à ce grave problème ? Où en est la loi sur la formation continue ?
On l’a dit, les secteurs plus touchés par le chômage sont ceux du secondaire. Or, les gens ne sont pas des pions. On ne peut tout simplement pas prendre un chômeur du secondaire pour le placer dans une place du tertiaire. En tous les cas, pas dans la réalité de la formation hélvètique. Les mesures d’insertions des chômeurs ne peuvent plus être 3 mois de cours dans tel ou tel domaine. Il s’agit aujourd’hui de REORIENTER les personnes avec un suivi de ces personnes par nos assurances jusqu’à 1 an, comme le fait la Suède par exemple.
Face au problème du chômage 2 attitudes sont possibles : soit on s’arrête sur le symptôme, la migration, soit on s’attaque à la cause, la politique de formation en l’occurrence. Si on ne s’attaque pas à cette cause, vouloir endiguer le chômage des gens habitant en Suisse ne restera qu’un vœu pieu et favorisant les discours isolationnistes en tout genre.
Demander aux entreprises d’employer des gens du lieu ne sert à rien si on entreprend pas de les former. Et ce, qu’ils aient un passeport suisse ou étranger. Autrement dit, le mythe qui dit que les étrangers viennent nous voler notre travail est faux. La nouvelle migration sert à palier une politique de la formation déficiente en Suisse, que cela soit au niveau des compétences de base, des hautes écoles en passant par la formation professionnelle.
Il n’y a actuellement pas de vision en matière de formation au Conseil Fédéral. C’est grave parce que si jusqu’à aujourd’hui notre mine d’or était la formation, cela n’est plus le cas aujourd’hui. Il est temps de s’en apercevoir et de prendre des mesures.