17 févr. 2010

Former les sans papiers c'est lutter contre le travail au noir

La ville de Lausanne a ainsi décidé de se donner la possibilité d'engager des jeunes sans papiers pour des apprentissages de la ville de Lausanne, en excluant des offres d'emplois la mention du statut.
A droite bien sûr on sort les grands slogans politiques tels que: on couvre les hors la loi, on vole le travail aux suisses, etc, etc...
Et si on avait une lecture pragmatique, pour une fois, de la migration et de la situation?
Il existe aujourd'hui en Suisse ce que j'appellerai une deuxième génération de sans papiers. A savoir, les enfants des clandestins qui sont soit nés en Suisse, soit sont venus tout petits avec leurs parents. J'estime qu'ils ne sont en aucuns cas responsable de l'histoire de migration de leurs parents. Dans la réalité, ces jeunes ont pu suivre la scolarité obligatoire et pour celles et ceux qui ont pu réussir au mieux leur scolarité, aller dans la voie gymnasiale (ou on ne demande pas le statut pour s'inscrire). Par contre, la voie de l'apprentissage était fermée à l'immense majorité.
Alors à ce point de la discussion il peut y avoir 2 attitudes:
1) on fait les slogans politiques qui ne servent à rien
2) on essaie de trouver des solutions pragmatiques pour les personnes qui sont là depuis au moins 15 ans, sans statut et dans la précarité, et dont les parents sont pour la plupart des travailleurs au gris (sans autorisation de séjour mais payant des impôts).
Cette deuxième voie est la meilleure. Pourquoi? Parce qu'elle permet de prendre des mesures efficaces contre le travail au noir. En effet, il est grandement illusoire de penser que ces jeunes resteraient toute la journée sans rien faire à se regarder le nombril. Ils travailleraient mais au noir. Et la société a tout intérêt à soutenir cette lutte contre le travail au noir. Le seul parti à avoir refusé au Parlement lors de la législature précédente de soutenir une telle loi, c'est l'udc. Il n'est dès lors pas surprenant que cela soit les premiers à manipuler politiquement une mesure frappée de bon sens pour les jeunes en question mais également pour l'entière société.

Il ne sert à rien de jeter des anathèmes du style: la gauche veut faire venir tous les étrangers de la terre en Suisse, etc... Non. Il ne s'agit pas ici de régulariser des personnes (même si forcément à long terme il faudra réfléchir à régulariser ces personnes qui habitent en Suisse depuis plus de 15 ans et qui ont un permis de travail). Mais bien de comprendre la composante de notre société. Je suis convaincue quant à moi qu'il est temps de différencier, d'analyser, de comprendre les différents statuts du monde de la migration pour pouvoir y apporter des réponses sensées. Ou alors on peut continuer à entonner les slogans qui ne servent qu'à l'avancée électorale de certains ténors politiques, mais en aucun cas au bien être général.

Pour conclure je souligne fortement que ce que propose la ville de Lausanne n'est pas une première. La ville de Genève a déjà ouvert ses portes à la formation professionnelle pour ces jeunes et c'est le pdc Luc Barthassat qui a déposé une motion au Parlement fédéral allant dans le sens de ce que propose aujourd'hui la ville de Lausanne.

Et si l'on prend la politique migratoire, c'est la libérale Martine Brunschwig Graf, qui a demandé en son temps une régularisation spécifique pour les femmes de ménages, dans le canton de Genève. La même demande pour les femmes de ménage a été dépoée dans le canton de Vaud par la verte Sandrine Bavaud.
Quant à Antonio Hodgers, ila déposé une motion au Parlement fédéral, co-signée par l'udc Oskar Freysinger et le libéral Claude Ruey demandant notamment la reconnaissance des enfants de sans papiers à leur naissance et l'accès à tout type de formation, dont celle professionnelle. Non pas que ceux-ci soient tombés sur la tête, mais parce que ils sont conscients qu'à des situations particulières, il faut des réponses particulières. Vive la real politik dans ce domaine.

14 févr. 2010

La Suisse doit reconnaître ses enfants

Ainsi donc, à la fin de la consultation auprès des organismes, institutions et partis intéressés, mon initiative "la Suisse doit reconnaître ses enfants" qui vise à une facilitation de la naturalisation pour la 3ème génération a passé la rampe de tous les partis avec succès, sauf un.

Pour rappel, actuellement la nationaité suisse s'obtient de 2 façons: par la naturalisation ordinaire et la naturalisation facilitée


Procédure de naturalisation ordinaire

La procédure de naturalisation est un processus à trois étages : le candidat à la nationalité suisse doit déposer une demande auprès du canton ou de la commune et obtenir une autorisation de naturalisation de la Confédération. La naturalisation n’est pas un droit et tant les cantons que les communes sont libres de fixer des conditions supplémentaires. Plusieurs conditons doivent être respectées: avoir résidé douze ans en Suisse; s’être intégré à la communauté suisse; s’être accoutumé aux mœurs et aux usages suisses; se conformer à l'ordre juridique suisse; ne pas compromettre la sûreté intérieure ou extérieure de la Suisse.


Naturalisation facilitée

Le conjoint étranger d'un citoyen suisse peut bénéficier d'une naturalisation facilitée à certaines conditions. Elle peut être demandée après avoir été domicilié au total cinq ans en Suisse et pour autant que le mariage ait duré au moins trois ans. Les enfants qui n'ont pas la nationalité suisse et dont l'un des parents est suisse peuvent également en bénéficier. La Confédération est seule compétente pour la naturalisation facilitée. Elle entend toutefois au préalable le canton de domicile, qui dispose d'un droit de recours, toute comme la commune de domicile.

En Suisse il n'existe pas ce que l'on appelle le droit du sol, utilisé par certains pays européens ou Nord Américains. Autrement dit, le simple fait de naître sur le sol suisse ne donne pas automatiquement le droit de posséder le passeport suisse. Et là n'est pas le but de mon initiative.
Toutefois, il faut prendre en compte la réalité. Dans notre pays il existe une 3ème génération, petits-enfants de la vieille émigration (italienne, espagnole,portugaise) qui pour certains mettront au monde bientôt la 4ème génération!!! On les estime aujoud'hui entre 100 et 150'000 personnes. Ces dernières ne connaissent plus ou que très mal la langue du pays de leurs grands-parents.

Il me semble que pour ces personnes, il est temps pour notre pays de dire: Oui, vous faites partie intégrante de notre société, de notre culture. Nous vous reconnaissons.

En 2004, la population a refusé le droit du sol pour la 3ème génération (naturalisation automatique). Mon initiative a ceci de différent qu'elle inverse le processus: pour obtenir la naturalisation il faut la demander. Les personnes concernées ou leurs parents. Une fois demandée, si les personnes concernées respectent l'orde juridique suisse, elles obtiennent la citoyenneté sans examens, sans contrôle de passage.

Et si la plupart des partis soutiennent cette initiative, le plus gros reste à faire. Convaincre le peuple que cette 3ème généraion mérite qu'on la reconnaisse. Non plus comme étrangère. En effet, on ne peut plus parler d'étranger-e-s quand vous êtes nés ici, que vos propres parents sont nés, ont étudiés et travaillent en Suisse, et que la seule langue que vous connaissez correctement est celle nationale. Alors que les coutumes et langue de vos grands-parents vous sont devenus quasi étrangères...