19 déc. 2010

Allocution lors de la remise du prix de Champignac. Largement écrit par Momo et revisité par mes soins

Monsieur le maire de Champignac,
Mesdames et Messieurs les membres de ce prestigieux jury,
Mesdames et Messieurs les candidates et candidats qui n’avez pas gagné,
Mesdames et Messieurs,,

En m’attribuant ce prix prestigieux, après des délibérations que j’imagine longues et houleuses, vous avez démontré de façon éclatante deux évidences :
- On peut être de gauche et prononcer des phrases maladroites.
- On peut être catho et tenir des propos limite scatos…
Avant moi, des personnalités illustres ont reçu cette fantastique distinction. Ce fut notamment le cas de Christian Constantin ou de mes camarades Liliane Maury Pasquier et Christiane Brunner. Sans oublier Adolf Ogi et Jean-Pascal Delamuraz. Autant de noms qui sentent bon la Suisse éternelle mais il est vrai pas encore multiculturelle.
C’est à mon tour de figurer au palmarès des glorificateurs de bons mots. Des mots libérateurs, émancipateurs, formateurs. Et il est bon de rappeler dans cet antre du livre qu’en Suisse près de 800'000 personnes en Suisse sont concernés par l’illettrisme. C’est un des combats politiques que je mène au sein de l’Association Lire et Ecrire.
Faire reconnaître ce handicap par le monde politique. Permettre à chacun d’accéder à une formation de base et d’apprendre à aimer les mots. Quitte, à parfois prendre certaines libertés avec eux…
En politique aussi, justement, les mots ont leur importance. En politique aussi, les mots ont un sens. Parfois un double sens. Parfois un sens caché. Parfois un sens unique. Et plus rarement, du bon sens !
Les casques à pointe, vous savez, ces politiciens qui détestent les moutons noirs et font croire que les étrangers sont à l’origine de tous nos maux, adorent les mots qui tuent. Je ne les aime pas. Pas du tout.
Tout comme les mots creux. Les mots vides. Ce ne sont bien souvent que des paroles en l’air prononcées par des politiciennes et des politiciens qu’on ne peut pas prendre au mot. Des paroles prononcées à la légère. Du vent.
Moi, je préfère les mots doux ou les mots d’amour.
Les mots roses qui nous font oublier ces temps moroses.
Les mots d’auteurs. Des mots qui nous en font prendre, de la hauteur.
Les mots, il y a aussi la façon de les prononcer. Certains adorent s’entendre parler. D’autres donnent l’impression de parler pour ne rien dire. Quelques-uns n’ont jamais un mot plus haut que l’autre. D’autres ont tellement de peine à s’exprimer qu’ils mangent tout le temps leurs mots. Moi je l’avoue, je ne les mâche pas !
Pour conclure – et ce sera le mot de la fin : parce que je suis minoritaire et donc souvent battue – sans fessée ni martinet ! -, il m’arrive souvent les dimanches de votation de prononcer le mot de Cambronne.
Mais un jour comme celui-ci, je peux enfin à nouveau dire publiquement cet autre mot de cinq lettres qui commence, lui aussi, par la lettre « m » - j’aime. Un des plus beaux mots de la langue française, en tout cas le plus universel, celui que l’on comprend partout dans le monde.
C’est bien sûr le mot « Merci ».
Et c’était mon dernier mot !