19 déc. 2010

Allocution lors de la remise du prix de Champignac. Largement écrit par Momo et revisité par mes soins

Monsieur le maire de Champignac,
Mesdames et Messieurs les membres de ce prestigieux jury,
Mesdames et Messieurs les candidates et candidats qui n’avez pas gagné,
Mesdames et Messieurs,,

En m’attribuant ce prix prestigieux, après des délibérations que j’imagine longues et houleuses, vous avez démontré de façon éclatante deux évidences :
- On peut être de gauche et prononcer des phrases maladroites.
- On peut être catho et tenir des propos limite scatos…
Avant moi, des personnalités illustres ont reçu cette fantastique distinction. Ce fut notamment le cas de Christian Constantin ou de mes camarades Liliane Maury Pasquier et Christiane Brunner. Sans oublier Adolf Ogi et Jean-Pascal Delamuraz. Autant de noms qui sentent bon la Suisse éternelle mais il est vrai pas encore multiculturelle.
C’est à mon tour de figurer au palmarès des glorificateurs de bons mots. Des mots libérateurs, émancipateurs, formateurs. Et il est bon de rappeler dans cet antre du livre qu’en Suisse près de 800'000 personnes en Suisse sont concernés par l’illettrisme. C’est un des combats politiques que je mène au sein de l’Association Lire et Ecrire.
Faire reconnaître ce handicap par le monde politique. Permettre à chacun d’accéder à une formation de base et d’apprendre à aimer les mots. Quitte, à parfois prendre certaines libertés avec eux…
En politique aussi, justement, les mots ont leur importance. En politique aussi, les mots ont un sens. Parfois un double sens. Parfois un sens caché. Parfois un sens unique. Et plus rarement, du bon sens !
Les casques à pointe, vous savez, ces politiciens qui détestent les moutons noirs et font croire que les étrangers sont à l’origine de tous nos maux, adorent les mots qui tuent. Je ne les aime pas. Pas du tout.
Tout comme les mots creux. Les mots vides. Ce ne sont bien souvent que des paroles en l’air prononcées par des politiciennes et des politiciens qu’on ne peut pas prendre au mot. Des paroles prononcées à la légère. Du vent.
Moi, je préfère les mots doux ou les mots d’amour.
Les mots roses qui nous font oublier ces temps moroses.
Les mots d’auteurs. Des mots qui nous en font prendre, de la hauteur.
Les mots, il y a aussi la façon de les prononcer. Certains adorent s’entendre parler. D’autres donnent l’impression de parler pour ne rien dire. Quelques-uns n’ont jamais un mot plus haut que l’autre. D’autres ont tellement de peine à s’exprimer qu’ils mangent tout le temps leurs mots. Moi je l’avoue, je ne les mâche pas !
Pour conclure – et ce sera le mot de la fin : parce que je suis minoritaire et donc souvent battue – sans fessée ni martinet ! -, il m’arrive souvent les dimanches de votation de prononcer le mot de Cambronne.
Mais un jour comme celui-ci, je peux enfin à nouveau dire publiquement cet autre mot de cinq lettres qui commence, lui aussi, par la lettre « m » - j’aime. Un des plus beaux mots de la langue française, en tout cas le plus universel, celui que l’on comprend partout dans le monde.
C’est bien sûr le mot « Merci ».
Et c’était mon dernier mot !

28 nov. 2010

Freysinger, Nidegger et Baettig ne sont pas influents en Suisse romande, mais juste les maîtres à pérorer d’une udc millionaire en Suisse allemande.

52,9%. C’est le score qu’a fait l’initiative udc sur le renvoi des criminels étrangers. Son contre-projet a été refusé par tous les cantons.
C’est bien sûr un échec pour les opposants à cette initiative. Et pourtant, je ne peux m’empêcher de faire quelques considérations sur ce qui s’est passé, et toutes ne sont pas négatives.
1) D’abord, si l’initiative fait 53%, la Suisse romande quant à elle l’a refusée. Cela signifie que l’udc n’est de loin pas encore maître dans cette région. Que les fanfarons que sont Freysinger, Nidegger et Baettig ne sont pas influents en Suisse romande, mais juste les maîtres à pérorer d’une udc millionaire en Suisse allemande.
2) Que la stratégie qui consiste à combattre millimètre par millimètre et ne rien concéder aux mensonges est une bonne chose. Tous les chiffres avancés par les initiants, toutes les hypothèses, tout ce qu’ils disent doivent être contrôlés à l’aune des faits et pas des discussions de bistrot
3) Que les cantons qui connaissent le moins les étrangers sont ceux qui réagissent le plus violemment à cette thématique. Ainsi, Appenzell Rhodes-Intérieur qui n’a que 1564 d’étrangers sur son territoire accepte l’initiative à 65,7% ! On nous dit souvent à gauche qu’il faut répondre à la peur des gens…Je veux bien entendre ce discours…mais comment rassurer les habitants d’un canton, l’un des territoires le plus tranquille au monde !!!!! En toute sincérité, je ne sais pas ce qu’il faut faire. A gauche on croit que pour rassurer les gens il faut leur parler de sécurité de l’emploi de logement, de santé…Mais à Appenzell Intérieur, il n’y a pas de ces problèmes…Alors non, je ne sais pas comment les rassurer…

Mais cela soulève également la question du rapport de la Suisse allemande ou disons plutôt d’une certaine suisse allemande avec « ses » étrangers. Ils ne sont ni pire ni meilleurs qu’en Suisse romande ces étrangers là…Ce sont plutôt les mesures mises en oeuvre pour les accueillir qui pèchent…Ainsi à Schwytz, par exemple, il n’y a pas de classe d’accueil. Quand un enfant arrive dans ce canton et qu’il ne sait pas parler allemand, il n’y a pas de classe de « rattrapage ». On les met dans un train tous les matins et on les envoie à Zoug… Tout le travail reste à faire…

J’aimerai maintenant rassurer les personnes qui aujourd’hui doutent d’avoir bien fait en votant deux fois non. Oui. Vous avez bien fait. Le contre-projet n’avait aucune chance car il n’y pas du tout été porté par le centre-droite et là où les socialistes l’ont porté, en suisse allemande, là aussi il a été refusé. TOUS les cantons ont refusé le contre-projet. La seule utilité d’un tel texte aurait été de partager les voix sur les différents textes et donc de faire échouer les deux. Mais cela ne pouvait marcher que si le centre-droite avait fait son travail. Mais il n’y a pas eu de leur part de l’argent à investir sur cette problématique. Alors ils se défoulent sur le PS. Comme si c’était à nous de faire leur travail…

Mais le plus important maintenant, les gens touchés par cette initiative. Le Parlement doit préparer une loi d’application. La tâche est très ardue car le texte adopté contrevient à toute une série de conventions internationales signées par la Suisse. D’abord celui du non-refoulement et également celui de la non automaticité des renvois. Il s’agit certes pour le Parlement de respecter le vote populaire, mais la Suisse se doit aussi de respecter ses engagements internationaux. Du coup cette loi n’est pas encore prête d’exister. Mais au-delà de cela, TOUS les recours qui seront déposés par les nouvelles victime de cette initiative, 2ème ou 3ème génération, père de famille depuis 20 ans en Suisse et qui aura travaillé au noir, seront acceptés. Mais cette situation n’est bien sûre pas idéale.

Alors aujourd’hui j’encourage tous les tenants du double non ou des opposants à l’initiative à résister. Car aux minarets le score était de 58%, sur cette initiative 53%, la prochaine ils la perdront et la suivante encore ce sera une de nos propositions qui passera le cap. De cela je suis certaine. Mais pour cela, il ne faut pas se décourager. On peut perdre patience, mais pas espoir. Moi je suis prête à continuer le combat. Et vous ?

27 oct. 2010

Le PS qui gagne n’est pas une pâle copie de la droite !

Le réel enjeu de la votation du 28 novembre sur l’expulsion des criminels étrangers réside dans la décision du PS Suisse sur le contre-projet à l’initiative. Le Congrès, fin octobre à Lausanne, en dira long sur son positionnement à long terme sur l’échiquier socialiste européen. Il y aura d’un côté les soi-disant pragmatiques qui pensent que pour battre l’UDC ou gagner des électeurs, il faut durcir le ton en acceptant le contre-projet qui, même s’il abandonne les côtés inacceptables de l’initiative, durcit néanmoins la loi actuelle, et de l’autre, celles et ceux qui ont analysé les résultats de ces dernières années pour se rendre compte qu’à chaque fois que la droite ou la gauche a voulu copier l’UDC, l’échec a été au rendez-vous.
Cela fait maintenant plus de 15 ans que les socialistes proposent des mesures strictes en matière de sécurité. Dans plusieurs cantons, c’est nous qui avons demandé l’augmentation du nombre de policiers. Dans certaines villes tenues par la gauche, des caméras de surveillance ont fait leur apparition dans des lieux sensibles. Le PS Suisse a pris position sans ambigüité, mais pour quel résultat ? Ce qui est important, ce n’est toutefois pas que le parti progresse, ce qui est grave - lorsque nous perdons - c’est que nous nous privons d’espace public pour proposer notre vision du monde comprenant plus d’équité et de justice sociale et fiscale, ainsi que des services publics forts. La surenchère politique en matière sécuritaire ne nous a jamais été profitable.

L’enjeu du renvoi ne passe pas par un changement de la loi amplement suffisante, mais dans le développement des accords de réadmission. Nous le savons et le disons depuis longtemps. Mais les 2 ministres UDC à la tête du DFJP depuis 8 ans (Blocher et Widmer Schlumpf) se sont bien gardés d’en conclure. Prenons, par exemple, le canton de Vaud. Entre 2008 et 2010, 835 personnes ont fait l’objet d’une mesure de renvoi. Notamment pour non autorisation de séjour. 375 l’ont été réellement car il manquait les accords de réadmission pour le faire.

Quant au contenu du contre-projet il n’est pas anodin. En effet, il précise tellement le degré de gravité de l’infraction (en le durcissant par rapport à l’initiative) qu’une personne étrangère surpris avec de l’alcool au volant se verrait renvoyée ! Alors oui il y a la clause de la proportionnalité. Mais de deux choses l’une : soit cette clause est prise en compte par le juge lorsqu’il déclare ou non l’expulsion et cela ne change strictement rien à la situation actuelle, soit le côté automatique en fonction de la gravité des délits demeure et cela est inacceptable. Dans un cas comme dans l’autre, se battre pour le contre-projet revient à légitimer le discours de l’UDC : nous ne sommes pas assez sévères en Suisse !

Quant aux normes sur l’intégration, c’est de la poudre aux yeux, même pour les cantons paresseux en la matière. En effet, si l’on traduit le texte juridique en termes clairs, cela signifie que la Confédération prendra contact avec eux… pour en discuter. Toute personne qui s’occupe d’intégration sait bien que l’enjeu- s’agissant de la Confédération - reste le financement de mesures. Thème qui n’a pas été pris en compte dans le contre-projet malgré tous nos efforts. De telles mesures auraient valu la peine d’être soutenues.

En fin de compte, ce n’est pas au PS de porter les idées et les valeurs de la droite. Elle a voulu le contre-projet au lieu d’invalider l’initiative, il lui revient donc de défendre son projet de société. La seule façon de battre l’UDC n’est pas de lui donner raison en durcissant la loi actuelle. Il faut refuser d’entrer dans son jeu. A choisir entre se tirer une balle dans le cœur ou dans le pied, le PS doit répondre qu’il refuse tout simplement de tirer !

27 sept. 2010

Simonetta Sommaruga à Justice et Police

Bien sûr si je regrette que le PS perde le DETEC et crains les lobbys de la route et du nucléaire qui s'exprimeront à travers Doris Leuthard, j'estime aussi que c'est une occasion à saisir pour la gauche pour conceptualiser et développer au sein de ce Département gangréné par des années d'udc une politique migratoire digne de ce nom.

10 sept. 2010

Appel remis à Doris Leuthard

Aujourd’hui, l’Association Lire et Ecrire suisse romande que j’ai le plaisir de présider participe à l’action nationale organisée par la Fédération suisse Lire et Ecrire et présidée à son tour par mon collègue Roger Nordmann. Nous remettrons un appel signé par plus de 20'000 signatures à la Présidente de la Confédération Doris Leuthard demandant une campagne nationale de sensibilisation de lutte contre l’illettrisme et des mesures ancrées dans une loi sur la formation continue.

En Suisse, c’est près de 800'000 personnes qui sont concernées par l’illettrisme, dont la moitié sont des Suisses. L’illettrisme est un phénomène différent de l’analphabétisme où les personnes concernées n’ont jamais appris à lire ou à écrire.
Lorsque le phénomène touche autant de monde, il est temps que cela devienne une priorité dans l’agenda politique. Or, même si c’est un thème qui sensibilise aussi bien à droite qu’à gauche, peu de choses sont entreprises pour ces personnes.

Une campagne de sensibilisation contre l’illettrisme pourquoi ?
Parce qu’il est aujourd’hui important de sensibiliser les personnes concernées et les faire sortir de l’ombre. Il faut leur faire savoir que leur situation peut changer. Que des cours existent adaptés pour elles, qu’elles ne sont pas seules. Parce qu’il est important de porter à connaissance ce phénomène auprès de la population et les tierces personnes qui pourraient aider les gens concernés à s’inscrire à des cours (médecins, assistants sociaux, conseillers orp).

Des mesures dans la loi sur la formation continue pourquoi ?
Après des années de pause dans un tiroir de Mr. Pascal Couchepin, cette loi est enfin ressortie et fait aujourd’hui l’objet d’une consultation. Des mesures ciblées et importantes sur les compétences de base que sont la lecture et l’écriture doivent être prises dans cette loi.
Il faut rendre « libres » ces personnes pour pouvoir se suffire à elles-mêmes dans toutes les situations : administratives, familiales, professionnelles.
L’illettrisme a aussi un coût : Une personne illettrée a 3 fois plus de risques d’être au chômage. Entre les coûts pour les assurances et le manque à gagner cela revient à plus d’un milliard de francs.

Les situations de précarités existent aussi en Suisse. Unissons-nous pour les combattre.

1 août 2010

Discours 1er août - Vallorbe

En discutant avec un ami de la signification du 1er août, celui-ci prétendait qu’il s’agissait de dire, je cite, Vive la Suisse ! Autrement dit, être fier de son pays. Et je me suis demandé si les Suisses en étaient fiers. Il me semble parfois que nous avons un complexe. Ainsi, comme jeune parlementaire je tombais des nues en m’apercevant que l’hymne suisse ne retentissait jamais dans la salle du Parlement.

Or, qu’il y a-t-il de mal à trouver un symbole, même musical, qui puisse rassembler un Etat Confédéré. Je dis bien, rassembler un Etat. Autrement dit il ne s’agit pas d’une fierté male placée, qui consisterait à dire, « y en a point comme nous ». Car il y en a des comme nous et sûrement des mieux que nous. Il ne s’agit pas de dire aux autres Etats « vous allez voir ce que vous allez voir ». Il ne s’agit pas d’exhorter un sentiment nationaliste qui pousse à l’isolationnisme. Non. Il s’agit d’exhorter un élément fondateur de la Suisse : la solidarité.

La solidarité qui a fait inscrire dans le magnifique préambule de la Constitution de la Suisse moderne, celle de 1848, je cite : Le peuple et les cantons, résolus à renouveler leur alliance, pour renforcer la liberté, la démocratie, l’indépendance et la paix, dans un esprit de solidarité et d’ouverture au monde, déterminés à vivre ensemble leurs diversités dans le respect de l’autre et l’équité, conscients des acquis communes et de leur devoir d’assumer leur responsabilité envers les générations futures, sachant que seul est libre qui use de sa liberté et que la force de sa liberté se mesure au bien-être du plus faible de ses membres arrêtent la Constitution suivante… »

Et bien, Mesdames et Messieurs, je crois que nous pouvons être fiers de nous. Car d’un point de vue de la solidarité le peuple suisse s’est montré par 3 fois solidaires en un an.

D’abord en septembre 2009 lors de la votation sur le financement additionnel de l’AI. Nous avons su nous montrer solidaires avec les personnes atteintes dans leur santé physique ou mentale. Le discours qui tendait à dire que chacune et chacun de nous a une place dans la société malgré un handicap l’a emporté sur celui qui voulait faire croire que ces gens abusaient de la largesse de l’Etat.

En février 2010 ensuite, lors de la votation sur la LPP où la solidarité entre actifs et retraités l’a emporté contre ceux qui voulaient les monter les uns contre les autres dans le seul but d’augmenter le profit de quelques actionnaires.

Cette année encore où le référendum contre la révision de la loi sur l’assurance chômage a abouti. Reste à transformer cet essai lors de la votation de septembre. Nous l’avons tous appris à nos dépens un jour ou l’autre dans notre vie, le chômage peut arriver à n’importe qui. Et il est très rare que les personnes s’y complaisent car le travail c’est la dignité. Alors il n’est pas juste que des gens déjà précarisés dans leur parcours professionnel se voient punis à cause d’une crise financière, puisque c’est par elle que l’on veut justifier ces coupes, dont la responsabilité tient à des financiers voyous.

Mesdames, Messieurs, le peuple suisse sait être solidaire en matière de sécurité sociale. Et de cela nous pouvons en être fiers. Fier parce que le prisme de la création de ces assurances sociales était la solidarité. Solidarité entre actifs et retraités, entre malades et bien portants, entre actifs et chômeurs. Car malgré la crise que nous traversons, comme les autres pays, nous avons un système d’assurances sociales, encore perfectible, notamment en ce qui concerne l’assurance maladie, mais dont nous pouvons être fier. Ces avancées sociales ont été obtenues de haute lutte et nous avons compris qu’il faut les préserver et ne pas les sacrifier à l’aune du profit de quelques-uns.

La solidarité ce n’est pas être naïfs comme certains voudraient le faire croire. Ce n’est pas vivre dans un monde utopique. C’est la réalité quotidienne de la Suisse. C’est être responsable. C’est comprendre qu’on ne peut pas monter les misères les unes contre les autres. Que l’exclusion du précarisé, de n’importe quelle précarité celui-ci soit touché, conduit invariablement à l’abaissement du bien-être d’une collectivité.

Alors c’est ce que je nous souhaite à chacune et chacun d’entre nous. Que nous puissions être fiers de nous pendant encore des décennies. Mais pour cela il faut lutter constamment contre les sirènes de l’exclusion, de l’isolationnisme, du secret. Et pour cela, nous avons besoin les uns des autres. Mesdames et Messieurs, je compte sur vous !

Je remercie les autorités de Vallorbe de leur invitation à partager ce jour festif en votre compagnie et me réjouis de partager tout à l’heure avec vous, le verre de la solidarité !

1 mai 2010

Discours du 1er mai

Cher-e-s ami-e-s, cher-e-s camarades,

La Suisse, ce pays parmi les plus riches du monde, compte 900'000 pauvres et 400'000 travailleurs gagnent moins de 22.- de l’heure. La crise est passée en Suisse, faisant augmenter le taux de chômage pour arriver à 5%. On nous prédit 200'000 personnes sans travail pour 2010.
Alors pour cacher ces réalités et les vrais préoccupations des gens qui sont le coût des primes d’assurances maladie, comment terminer le mois avec un budget minimal, etc…on nous parle toutes les deux semaines de religion. Comme si interdire 4 minarets ou quelques costumes de bains exotiques allait améliorer la vie des gens.
Mais les vrais problèmes sont :Trouver un travail et le garder ; Quel salaire pour ce travail ; Quel filet social pour les travailleuses/travailleurs et les chômeuses et chômeurs
Le Conseil Fédéral a sorti en mars de cette année un rapport sur la pauvreté et vous savez quoi ? Pas un mot sur les salaires. Bien sûr, il y parle de formation pour les jeunes, les vieux, les travailleurs, les chômeurs, mais pas un mot sur les salaires. Comme si le lien entre bas salaire et précarité n’existait pas. En Suisse, 1 travailleur sur 22 est un working poor. Autrement dit, une personne qui travaille mais qui a un salaire de misère et n’arrive réellement pas à boucler la fin du mois. En Suisse toujours, 60% des travailleurs n’a pas de salaire minimum garanti. C’est pour cela que je salue chaleureusement la décision du comité USS de soumettre à ses déléguées du mois de mai, une initiative demandant l’instauration du salaire minimum dans la Constitution.
Les syndicats et la gauche ont mené une très belle bataille en ce début d’année avec une victoire éclatante en faisant refuser au peuple le hold up des rentes du deuxième pilier. Cela a été une belle victoire sur la cupidité et l’arrogance des assureurs. Nous avons ensemble une force de frappe et de conviction.
Aujourd’hui il est une autre bataille qu’il faut mener, et c’est celle de l’assurance chômage. A droite on a honte et peur de rien. Alors que le chômage explose à cause d’une crise financière provoquée par des top managers affamés par leur bonus, les chômeurs devraient en subir les conséquences selon la majorité allant du centre à l’extrême-droite de ce pays. Pdc, rdicaux et udc n’ont pas hésité à tailler dans les prestations de l’assurance chômage et à en restreindre l’accès pour les jeunes.
Certes l’assurance-chômage doit être assainie et des augmentations de cotisations doivent être envisagées, mais en aucun cas les prestations affaiblies. Or, au menu, dans une logique globale du gouvernement et de sa majorité consistant à affaiblir les assurances sociales dans un dogme aveugle du moins d’Etat, c’est ce qu’on fait.
Or, un chômeur de longue durée n’a pas besoin de quelques cours pour rédiger une demande d’emploi, il a besoin de réapprendre un métier. Et cela se fait en plus que 3 mois. Cela se fait en 1 an. Et cela coûte, oui.
Un jeune sans place d’apprentissage ou qui sort des études ne peut pas voir ses indemnités journalières diminuées, parce que c’est prendre le risque de l’envoyer à l’aide sociale. Ce qui est pire pour lui, mais mieux pour les finances de la Confédération, car l’aide sociale c’est l’affaire des cantons.
Cher-e-s ami-e-s et camarades, moi je crois qu’un Etat n’est pas une entreprise. Les responsables politiques ne doivent pas s’occuper uniquement des lignes comptables, mais doivent s’intéresser du bien-être de leurs concitoyen-ne-s. Alors il y aura des périodes où l’argent dans les caisses devra diminuer pour aider, former et assurer l’avenir des personnes de ce pays. Assurer à chacune et chacun une vie digne, qui passe par le travail et la formation. Or, la droite de ce pays Mesdames et messieurs, nous refuse cela et utilise notre argent, puisque les caisses de l’Etat sont remplis de nos impôts, pour sauver des banques véreuses.
Il est temps de gagner une nouvelle bataille après le financement de l’AI l’année dernière et la LPP cette année. Nous devons faire aboutir le référendum sur l’assurance chômage et gagner la votation. Merci à l’USS de son engagement et je réaffirme le soutien du PS dans cette bataille !

14 avr. 2010

De l'utilisation de facebook...

Voilà ce qu’on peut lire sous plusieurs statuts actuellement sur facebook, le but étant de copier/coller ce paragraphe
« En Suisse, nous avons des familles et des enfants qui ne mangent pas tous les jours correctement, des vieux qui sont mal soignés, des malades sans soins adéquats, nos troupes et policiers sont mal équipés...Mais nous donnons des millions aux demandeurs d’asile et aux autres pays sans d’abord aider notre propre peuple. »
Et bien moi ce soir je veux dénoncer ce genre de propos. D’abord parce qu'il met en concurrence plusieurs misères, ensuite parce qu’il laisse entendre que rien ne se fait pour les personnes précarisées à cause de l'aide que l'Etat furnirait aux requérant-e-s d'asile. Je suis dans plusieurs associations, Lire et Ecrire qui lutte contre l’illettrisme (800'000 en Suisse dont la moitié des suisses) et Caritas (qui vient en aide aux pauvres de ce pays justement). Et ces collaborateurs se bougent tous les jours pour améliorer un peu la vie des gens. Seulement voilà, typiquement les personnes et les partis qui tiennent le genre de propos cités plus haut laissent croire que c’est à cause de 7.50.- par jour qu’on donne aux requérants d’asile, que les gens se retrouvent dans des situations précarisées. Mais moi je dénonce : toutes ces personnes démagogues et ces partis ne font pas avancer d’un pouce, que dis-je d’un millimètre la situation des gens qui vivent en dessous du seuil de la pauvreté, des woorking poors, etc…
Or, la pauvreté on y "tombe" lorsqu'on est mal payés, lorsqu'on est mal formé, lorsque l'on vit seul avec des enfants, lorsqu'on a eu un accident ou une maladie grave, etc...
Or, il y a des élu-e-s et des partis qui taillent dans les budgets de la formation, de l’assurance-chômage et de l’aide sociale, qui refusent la loi de la lutte contre le travail au noir… Mais pour détourner l’attention, ils font une fixette sur les burkini ou les étrangers…C’est sûr, raboter les 7.50.- que perçoit un réfugié par jour, (qui représentent à eux tous 0,2% de la population !!!), va améliorer la vie des autres… Mais comment peut-on encore tomber dans ce panneau ?Alors oui, on ne fait certainement pas assez pour les précarisées de ce pays, la gauche se bat tous les jours pour que la droite ne taille pas dans les prestations, mais ce n’est certainement pas à cause du budget pour d’autres précarisés…

17 févr. 2010

Former les sans papiers c'est lutter contre le travail au noir

La ville de Lausanne a ainsi décidé de se donner la possibilité d'engager des jeunes sans papiers pour des apprentissages de la ville de Lausanne, en excluant des offres d'emplois la mention du statut.
A droite bien sûr on sort les grands slogans politiques tels que: on couvre les hors la loi, on vole le travail aux suisses, etc, etc...
Et si on avait une lecture pragmatique, pour une fois, de la migration et de la situation?
Il existe aujourd'hui en Suisse ce que j'appellerai une deuxième génération de sans papiers. A savoir, les enfants des clandestins qui sont soit nés en Suisse, soit sont venus tout petits avec leurs parents. J'estime qu'ils ne sont en aucuns cas responsable de l'histoire de migration de leurs parents. Dans la réalité, ces jeunes ont pu suivre la scolarité obligatoire et pour celles et ceux qui ont pu réussir au mieux leur scolarité, aller dans la voie gymnasiale (ou on ne demande pas le statut pour s'inscrire). Par contre, la voie de l'apprentissage était fermée à l'immense majorité.
Alors à ce point de la discussion il peut y avoir 2 attitudes:
1) on fait les slogans politiques qui ne servent à rien
2) on essaie de trouver des solutions pragmatiques pour les personnes qui sont là depuis au moins 15 ans, sans statut et dans la précarité, et dont les parents sont pour la plupart des travailleurs au gris (sans autorisation de séjour mais payant des impôts).
Cette deuxième voie est la meilleure. Pourquoi? Parce qu'elle permet de prendre des mesures efficaces contre le travail au noir. En effet, il est grandement illusoire de penser que ces jeunes resteraient toute la journée sans rien faire à se regarder le nombril. Ils travailleraient mais au noir. Et la société a tout intérêt à soutenir cette lutte contre le travail au noir. Le seul parti à avoir refusé au Parlement lors de la législature précédente de soutenir une telle loi, c'est l'udc. Il n'est dès lors pas surprenant que cela soit les premiers à manipuler politiquement une mesure frappée de bon sens pour les jeunes en question mais également pour l'entière société.

Il ne sert à rien de jeter des anathèmes du style: la gauche veut faire venir tous les étrangers de la terre en Suisse, etc... Non. Il ne s'agit pas ici de régulariser des personnes (même si forcément à long terme il faudra réfléchir à régulariser ces personnes qui habitent en Suisse depuis plus de 15 ans et qui ont un permis de travail). Mais bien de comprendre la composante de notre société. Je suis convaincue quant à moi qu'il est temps de différencier, d'analyser, de comprendre les différents statuts du monde de la migration pour pouvoir y apporter des réponses sensées. Ou alors on peut continuer à entonner les slogans qui ne servent qu'à l'avancée électorale de certains ténors politiques, mais en aucun cas au bien être général.

Pour conclure je souligne fortement que ce que propose la ville de Lausanne n'est pas une première. La ville de Genève a déjà ouvert ses portes à la formation professionnelle pour ces jeunes et c'est le pdc Luc Barthassat qui a déposé une motion au Parlement fédéral allant dans le sens de ce que propose aujourd'hui la ville de Lausanne.

Et si l'on prend la politique migratoire, c'est la libérale Martine Brunschwig Graf, qui a demandé en son temps une régularisation spécifique pour les femmes de ménages, dans le canton de Genève. La même demande pour les femmes de ménage a été dépoée dans le canton de Vaud par la verte Sandrine Bavaud.
Quant à Antonio Hodgers, ila déposé une motion au Parlement fédéral, co-signée par l'udc Oskar Freysinger et le libéral Claude Ruey demandant notamment la reconnaissance des enfants de sans papiers à leur naissance et l'accès à tout type de formation, dont celle professionnelle. Non pas que ceux-ci soient tombés sur la tête, mais parce que ils sont conscients qu'à des situations particulières, il faut des réponses particulières. Vive la real politik dans ce domaine.

14 févr. 2010

La Suisse doit reconnaître ses enfants

Ainsi donc, à la fin de la consultation auprès des organismes, institutions et partis intéressés, mon initiative "la Suisse doit reconnaître ses enfants" qui vise à une facilitation de la naturalisation pour la 3ème génération a passé la rampe de tous les partis avec succès, sauf un.

Pour rappel, actuellement la nationaité suisse s'obtient de 2 façons: par la naturalisation ordinaire et la naturalisation facilitée


Procédure de naturalisation ordinaire

La procédure de naturalisation est un processus à trois étages : le candidat à la nationalité suisse doit déposer une demande auprès du canton ou de la commune et obtenir une autorisation de naturalisation de la Confédération. La naturalisation n’est pas un droit et tant les cantons que les communes sont libres de fixer des conditions supplémentaires. Plusieurs conditons doivent être respectées: avoir résidé douze ans en Suisse; s’être intégré à la communauté suisse; s’être accoutumé aux mœurs et aux usages suisses; se conformer à l'ordre juridique suisse; ne pas compromettre la sûreté intérieure ou extérieure de la Suisse.


Naturalisation facilitée

Le conjoint étranger d'un citoyen suisse peut bénéficier d'une naturalisation facilitée à certaines conditions. Elle peut être demandée après avoir été domicilié au total cinq ans en Suisse et pour autant que le mariage ait duré au moins trois ans. Les enfants qui n'ont pas la nationalité suisse et dont l'un des parents est suisse peuvent également en bénéficier. La Confédération est seule compétente pour la naturalisation facilitée. Elle entend toutefois au préalable le canton de domicile, qui dispose d'un droit de recours, toute comme la commune de domicile.

En Suisse il n'existe pas ce que l'on appelle le droit du sol, utilisé par certains pays européens ou Nord Américains. Autrement dit, le simple fait de naître sur le sol suisse ne donne pas automatiquement le droit de posséder le passeport suisse. Et là n'est pas le but de mon initiative.
Toutefois, il faut prendre en compte la réalité. Dans notre pays il existe une 3ème génération, petits-enfants de la vieille émigration (italienne, espagnole,portugaise) qui pour certains mettront au monde bientôt la 4ème génération!!! On les estime aujoud'hui entre 100 et 150'000 personnes. Ces dernières ne connaissent plus ou que très mal la langue du pays de leurs grands-parents.

Il me semble que pour ces personnes, il est temps pour notre pays de dire: Oui, vous faites partie intégrante de notre société, de notre culture. Nous vous reconnaissons.

En 2004, la population a refusé le droit du sol pour la 3ème génération (naturalisation automatique). Mon initiative a ceci de différent qu'elle inverse le processus: pour obtenir la naturalisation il faut la demander. Les personnes concernées ou leurs parents. Une fois demandée, si les personnes concernées respectent l'orde juridique suisse, elles obtiennent la citoyenneté sans examens, sans contrôle de passage.

Et si la plupart des partis soutiennent cette initiative, le plus gros reste à faire. Convaincre le peuple que cette 3ème généraion mérite qu'on la reconnaisse. Non plus comme étrangère. En effet, on ne peut plus parler d'étranger-e-s quand vous êtes nés ici, que vos propres parents sont nés, ont étudiés et travaillent en Suisse, et que la seule langue que vous connaissez correctement est celle nationale. Alors que les coutumes et langue de vos grands-parents vous sont devenus quasi étrangères...