1 août 2010

Discours 1er août - Vallorbe

En discutant avec un ami de la signification du 1er août, celui-ci prétendait qu’il s’agissait de dire, je cite, Vive la Suisse ! Autrement dit, être fier de son pays. Et je me suis demandé si les Suisses en étaient fiers. Il me semble parfois que nous avons un complexe. Ainsi, comme jeune parlementaire je tombais des nues en m’apercevant que l’hymne suisse ne retentissait jamais dans la salle du Parlement.

Or, qu’il y a-t-il de mal à trouver un symbole, même musical, qui puisse rassembler un Etat Confédéré. Je dis bien, rassembler un Etat. Autrement dit il ne s’agit pas d’une fierté male placée, qui consisterait à dire, « y en a point comme nous ». Car il y en a des comme nous et sûrement des mieux que nous. Il ne s’agit pas de dire aux autres Etats « vous allez voir ce que vous allez voir ». Il ne s’agit pas d’exhorter un sentiment nationaliste qui pousse à l’isolationnisme. Non. Il s’agit d’exhorter un élément fondateur de la Suisse : la solidarité.

La solidarité qui a fait inscrire dans le magnifique préambule de la Constitution de la Suisse moderne, celle de 1848, je cite : Le peuple et les cantons, résolus à renouveler leur alliance, pour renforcer la liberté, la démocratie, l’indépendance et la paix, dans un esprit de solidarité et d’ouverture au monde, déterminés à vivre ensemble leurs diversités dans le respect de l’autre et l’équité, conscients des acquis communes et de leur devoir d’assumer leur responsabilité envers les générations futures, sachant que seul est libre qui use de sa liberté et que la force de sa liberté se mesure au bien-être du plus faible de ses membres arrêtent la Constitution suivante… »

Et bien, Mesdames et Messieurs, je crois que nous pouvons être fiers de nous. Car d’un point de vue de la solidarité le peuple suisse s’est montré par 3 fois solidaires en un an.

D’abord en septembre 2009 lors de la votation sur le financement additionnel de l’AI. Nous avons su nous montrer solidaires avec les personnes atteintes dans leur santé physique ou mentale. Le discours qui tendait à dire que chacune et chacun de nous a une place dans la société malgré un handicap l’a emporté sur celui qui voulait faire croire que ces gens abusaient de la largesse de l’Etat.

En février 2010 ensuite, lors de la votation sur la LPP où la solidarité entre actifs et retraités l’a emporté contre ceux qui voulaient les monter les uns contre les autres dans le seul but d’augmenter le profit de quelques actionnaires.

Cette année encore où le référendum contre la révision de la loi sur l’assurance chômage a abouti. Reste à transformer cet essai lors de la votation de septembre. Nous l’avons tous appris à nos dépens un jour ou l’autre dans notre vie, le chômage peut arriver à n’importe qui. Et il est très rare que les personnes s’y complaisent car le travail c’est la dignité. Alors il n’est pas juste que des gens déjà précarisés dans leur parcours professionnel se voient punis à cause d’une crise financière, puisque c’est par elle que l’on veut justifier ces coupes, dont la responsabilité tient à des financiers voyous.

Mesdames, Messieurs, le peuple suisse sait être solidaire en matière de sécurité sociale. Et de cela nous pouvons en être fiers. Fier parce que le prisme de la création de ces assurances sociales était la solidarité. Solidarité entre actifs et retraités, entre malades et bien portants, entre actifs et chômeurs. Car malgré la crise que nous traversons, comme les autres pays, nous avons un système d’assurances sociales, encore perfectible, notamment en ce qui concerne l’assurance maladie, mais dont nous pouvons être fier. Ces avancées sociales ont été obtenues de haute lutte et nous avons compris qu’il faut les préserver et ne pas les sacrifier à l’aune du profit de quelques-uns.

La solidarité ce n’est pas être naïfs comme certains voudraient le faire croire. Ce n’est pas vivre dans un monde utopique. C’est la réalité quotidienne de la Suisse. C’est être responsable. C’est comprendre qu’on ne peut pas monter les misères les unes contre les autres. Que l’exclusion du précarisé, de n’importe quelle précarité celui-ci soit touché, conduit invariablement à l’abaissement du bien-être d’une collectivité.

Alors c’est ce que je nous souhaite à chacune et chacun d’entre nous. Que nous puissions être fiers de nous pendant encore des décennies. Mais pour cela il faut lutter constamment contre les sirènes de l’exclusion, de l’isolationnisme, du secret. Et pour cela, nous avons besoin les uns des autres. Mesdames et Messieurs, je compte sur vous !

Je remercie les autorités de Vallorbe de leur invitation à partager ce jour festif en votre compagnie et me réjouis de partager tout à l’heure avec vous, le verre de la solidarité !